Les parcours de reconversion : quel sera votre profil ?
Une étude de France compétences montre qu’il existe plusieurs parcours type de reconversion professionnelle. Bien sûr, chaque parcours est unique, mais les jobeurs qui changent de voie professionnelle ont des points communs.
Découvrez les principaux enseignements de cette étude et apprenez à repérer les différents profils des personnes en reconversion. Quel sera le vôtre ?
La reconversion professionnelle à tout âge
Premier enseignement de cette enquête sur les parcours types de reconversion : les jeunes sont de plus en plus concernés. Les 25-34 ans représentent plus d’un tiers des actifs ayant connu une reconversion professionnelle récente (35%).
☝️Après 50 ans, les statistiques chutent. Les séniors sont plus fragiles sur le marché du travail et préfèrent donc garder un emploi stable. Pour autant, 15% des plus de 50 ans de la population étudiée a réalisé une reconversion récente.
La reconversion professionnelle accessible à tous ?
Selon les données de l’étude, les femmes sont surreprésentées parmi les personnes ayant réalisé une reconversion, tandis que les hommes, notamment les ouvriers, sont sous-représentés.
Ce sont les cadres, les artisans, et les commerçants qui se reconvertissent le plus souvent. Cette dernière catégorie se distingue d’ailleurs par un faible taux de recours aux dispositifs d’accompagnement à la reconversion professionnelle, tels que le Conseil en Evolution Professionnelle, le Compte Personnel de Formation ou le Bilan de Compétences. On le comprend : ces actifs autodidactes sont souvent très autonomes dans leur carrière ou dans leur parcours de création d’entreprise.
☝️ Certains profils se reconvertissent tout au long de leur vie professionnelle, sans aucun filet de sécurité. Et les profils en reconversion les moins accompagnés sont, sans surprise, les indépendants !
Le profil type du jobeur en reconversion
Selon France Compétences, le profil-type serait celui d’une femme jeune de moins de 35 ans susceptible de relever de plusieurs statuts salariés (femme pluriactive) ou d’être indépendante. Mais derrière ce profil type, on peut retrouver huit parcours types de reconversion professionnelle.
1. Les jobeurs “aspirants entrepreneurs”
Les jobeurs ayant des aspirations entrepreneuriales se lancent plus fréquemment dans leur projet personnel. Ils attendent le bon moment et consacrent du temps à la phase de préparation de leur projet.
Ces apprentis entrepreneurs ont moins recours à la formation, en particulier aux diplômes. Environ deux tiers d’entre eux financent une partie de leur parcours par leurs propres moyens. Et seulement un sur cinq bénéficie d’une aide à la création d’entreprise !
👉Pour illustrer ce type de parcours, nous vous invitons à regarder notre interview à Alan Péron. Celui-ci nous explique comment il est passé de vendeur automobile à copywriteur free-lance.
“Avant de partir au Canada, je voulais me reconvertir mais je ne savais pas dans quel secteur. Je n’avais pas encore toutes les cartes en main pour savoir comment vivre de l’écriture sur internet. C’est en discutant avec des freelances du web, et en créant du contenu que j’ai affiné ma recherche. Je n’ai pas été accompagnée. J’ai fait beaucoup de recherches sur internet pour savoir comment devenir rédacteur web.”
2. Les personnes en quête d’un équilibre plus simple
Ce sont généralement des femmes de plus de 35 ans, parfois mères célibataires, qui bricolent des parcours professionnels afin de concilier leurs impératifs professionnels et personnels (garde d’enfants, accès au logement, difficultés financières).
Changer de métier est alors lié à la quête de meilleures conditions de travail ou d’un meilleur équilibre de vie. Ces femmes font le choix d’aller “au plus simple”. La reconversion se fait en dehors de l’entreprise, via la réalisation d’une formation souvent qualifiante. Le parcours est plus souvent accompagné par Pôle emploi.
3. Les autodidactes de la reconversion
Cette catégorie regroupe des cadres de plus de 45 ans peu diplômés. Ils sont très autonomes tout au long de leur carrière et ne mobilisent souvent aucun accompagnement pour se reconvertir.
Leurs parcours autodidactes échappent en grande partie à la logique des recours aux dispositifs. Une large majorité considère que ni la formation, ni les dispositifs n’ont eu d’importance dans leur projet de reconversion. On peut retrouver dans cette catégorie des personnes qui révisent entièrement leur mode de vie via une reconversion vers un métier manuel ou le passage de salarié à chef d’entreprise.
4. Les demandeurs d’emploi accompagnés dans leur transition
Cette catégorie a été intitulée “utilisateurs de l’accompagnement institutionnel” par les auteurs de l’étude. Il s’agit plus souvent de demandeurs d’emploi qui se sont engagés dans un parcours long de reconversion, avec bilan professionnel et formation qualifiante à la clé. Ce sont généralement des hommes de plus de 35 ans peu diplômés.
5. Les salariés en mobilité professionnelle
Les salariés appartenant à ce groupe ont été accompagnés par le service Formation/RH de leur entreprise. 80 % d’entre eux ont effectué leur reconversion dans l’entreprise qui les employait à l’origine.
Souvent, ces salariés sont accompagnés vers la reconversion, interne ou externe, car ils ne peuvent plus supporter les contraintes de leur métier initial, pour des raisons de santé ou de perte de sens dans l’activité, ou parce que l’entreprise est en réorganisation.
👉N’hésitez pas à écouter notre interview d’Alain Merville, faciliteur graphique en reconversion professionnelle.
En voici un extrait : “ Dans mon équipe, on est dans une période de transition. Il y a eu plusieurs départs, donc je sais que de toute façon mon environnement de travail va changer. Il y a quelques années j’ai commencé à animer des ateliers, je me suis intéressé à la facilitation et au mind mapping. Un manager m’a ouvert des portes et m’a poussé à animer un hackathon au sein de l’entreprise il y a 7 ans. Et au fur et à mesure j’ai valorisé cette compétence au sein de l’entreprise… (voir l’interview complète)
6. Les reconvertis par l’emploi
Ces jobeurs changent d’employeur, avec un parcours de reconversion principalement réalisé au sein de l’entreprise qui les a recrutés. Ce sont souvent des femmes insatisfaites de leur emploi en raison des conditions de travail, du manque de sens ou du stress. Elles ont principalement construit leur projet de reconversion en étudiant les offres d’emploi et le marché du travail pour trouver un nouvel employeur.
☝️ Ce profil correspond notamment aux femmes qui profitent d’un congé parental pour changer d’emploi ou qui passent par un contrat de professionnalisation pour apprendre un nouveau métier.
7. Les diplômés en reconversion
Cette catégorie regroupe des jeunes cadres diplômés du supérieur. Selon France Compétences, “le parcours de ces « diplômés en mouvement » est réalisé presque exclusivement lorsqu’ils sont en entreprise, avec un projet mûrement réfléchi dans le cadre d’un bilan professionnel “. Déjà diplômés, leur motivation est souvent d’accéder à un statut supérieur, de revenir du statut d’indépendant à salarié, ou l’inverse !
8. Les experts de la reconversion
Les auteurs de l’étude les nomment “les informés efficaces”. Ce sont également des jeunes diplômés du supérieur, souvent cadres. Ils démarrent un parcours de reconversion pour s’orienter vers un métier porteur après une reconversion ou un emploi plus rémunérateur. Ils mobilisent de nombreux dispositifs et financements publics pour accompagner leur projet et capitalisent sur leur parcours de formation pour améliorer leur employabilité, que la reconversion aboutisse ou non.
Demain, tous en reconversion ?
Jumper via une reconversion professionnelle est de plus en plus courant. D’après l’étude de France Compétences, les personnes actives qui ont fait une reconversion estiment que cette pratique deviendra désormais courante dans la vie professionnelle de chacun.
De plus, la première reconversion permettrait de surmonter plusieurs obstacles et faciliterait les démarches ultérieures.
Cette tendance pourrait conduire à une banalisation des reconversions professionnelles, créant ainsi un environnement propice à leur développement et favorisant une plus grande agilité des jobeurs sur le marché du travail
Selon le baromètre CentreInffo de 2022, la moitié des actifs pensent changer d’emploi à plus ou moins long terme dont un tiers (35%) d’ici 2 ans.