Il n’existe pas de bonnes et de mauvaises raisons de quitter son travail. Les parcours professionnels ne sont plus linéaires, et jumper d’un emploi à l’autre est de plus en plus courant. Les salariés aspirent au changement, et cela se traduit par une plus grande mobilité sur le marché du travail, donc, plus de démissions.
En soi, rien de grave. Un certain taux de turn-over dans les équipes est même plutôt favorable à la dynamique des entreprises. En revanche, quand cela devient un phénomène massif, il y a de quoi s’inquiéter.
Pourquoi analyser les raisons de démission à l’échelle de l’entreprise ?
À l’échelle d’une entreprise, difficile de lutter contre des phénomènes de société, tels que le big quit à la française, ou plus récemment, la démission silencieuse. Pour cause : même s’ils peuvent travailler leur marque employeur pour attirer et retenir les talents, les DRH n’ont pas vraiment la main sur les transformations sociétales qui bousculent le rapport au travail. Et il leur est encore plus difficile d’agir, individuellement, sur les tensions du marché de l’emploi et les effets de débauchage que cela engendre.
En revanche, l’entreprise et le service RH peuvent lutter contre les difficultés de rétention RH. Et cela commence par un bon diagnostic des causes de départ.
En lisant ce qui suit, vous serez mieux armé pour détecter les raisons qui poussent vos salariés à démissionner, et surtout, pour bâtir un plan d’action adapté.
Pourquoi un salarié a-t-il envie de quitter son travail du jour au lendemain ?
De nombreuses démissions donnent lieu à une négociation du préavis. C’est normal : si le salarié a trouvé un autre emploi, il a envie de démarrer rapidement chez son nouvel employeur. La négociation du délai de préavis vous appartient.
En revanche, il y a une différence entre négocier son préavis, et vouloir quitter l’entreprise du jour au lendemain.
Lorsqu’un salarié souhaite rompre le lien dans les plus brefs délais, c’est souvent parce qu’il y a urgence pour sa santé. Ce type de démission peut donc questionner la qualité du management ou la qualité de vie au travail.
#Raison n°1 : une situation de mal-être ou de souffrance au travail
Pour comprendre pourquoi un salarié veut partir de l’entreprise sans faire de préavis, il faut regarder dans son environnement de travail immédiat. En effet, le besoin de couper tout lien avec l’entreprise, du jour au lendemain, est révélateur d’un dysfonctionnement dans les relations de travail, voire d’un environnement délétère.
💡À défaut de pouvoir interroger le démissionnaire sur les raisons d’un départ soudain, l’entreprise doit se poser les bonnes questions.
Par exemple :
- Le poste du collaborateur était-il impacté par une transformation RH en cours, une évolution de processus, de périmètre ?
- Quelle est l’ambiance de travail dans son équipe ?
- Le démissionnaire fait-il partie des postes concernés par des facteurs de risques RPS identifiés ? A-t-il fait l’objet d’une fiche alerte ?
#Raison n°2 : des problèmes avec le management ou les collègues
La démission peut aussi être liée à des problèmes d’entente dans l’équipe, ou des dysfonctionnements dans les collectifs de travail. Les périmètres sont flous, et cela entrave les collaborations. Ou bien, c’est le management qui est défaillant.
👉Là aussi, il faut interroger les changements récents dans l’organisation. Ce qui pose problème dans ce cas, ce n’est pas la mauvaise relation collaborateur/manager. Les atomes crochus ne se décrètent pas ! En revanche, cela souligne une défaillance du management à prendre en compte les désaccords et conflits existants pour adapter l’organisation.
Les raisons qui peuvent pousser à la démission des meilleurs profils
D’autres types de démissions inquiètent les DRH : c’est le départ des meilleurs éléments de l’entreprise. Pourquoi les talents partent-ils ? D’abord, parce qu’ils ont plus d’opportunités. En effet, les profils rares et pénuriques sont souvent débauchés par d’autres entreprises, ils auront donc plus facilement tendance à quitter un travail pour un autre, avec des conditions d’embauches plus favorables. Mais d’autres raisons peuvent expliquer pourquoi vos meilleurs collaborateurs partent voir ailleurs.
#Raison n°3 : Trop de travail, ou pas assez
Les meilleurs profils sont souvent très engagés dans l’entreprise, et sont plus efficaces que la moyenne. Résultat : ils croulent sous le travail, car le management peut, inconsciemment, abuser des bonnes performances du collaborateur, pour compenser les défaillances d’un collègue ou le manque de ressources humaines.
Ce phénomène est simple à identifier. Vous devez remplacer le départ d’un seul collaborateur par deux nouvelles recrues ? La raison de la démission est criante : c’est la surcharge de travail qui est en jeu. Ou le manque de reconnaissance face à l’ampleur des tâches menées.
💡Plus marginal, mais réel, le bore-out, ou l’ennui au travail, peut aussi être un facteur de démission des meilleurs profils. C’est aussi le cas lorsque les collaborateurs ne peuvent pas exprimer leur plein potentiel.
#Raison n°4 : un environnement limitant
La capacité d’agir sur son travail fait partie des facteurs clés de la Qualité de Vie au Travail (QVT). Lorsqu’un salarié manque de marge de manœuvre, non seulement cela bride sa créativité, mais c’est aussi une source de désengagement.
Le manque de challenges et d’autonomie pousse les meilleurs profils à quitter leur job. Ils vont chercher ailleurs de nouveaux défis à mener.
👉 Ces motifs de départ questionnent la politique de mobilité interne de l’entreprise. Le démissionnaire a-t-il eu des propositions d’évolution de poste ? Des nouveaux projets à mener ? A-t-il eu des propositions de formation ? Si la réponse à toutes ses questions est non, vous connaissez la raison de sa démission .
Les raisons qui conduisent à la démission silencieuse des salariés
Parmi les nouvelles formes de démissions qui ont fait couler beaucoup d’encre, la “démission silencieuse” correspond à une forme de désengagement au travail. Elle désigne le fait de rester dans son poste sans s’engager mentalement. Mais pourquoi démissionner mentalement sans quitter son travail ?
#Raison n°5 : un manque de considération
Faire le minimum au travail sans quitter son poste est révélateur d’une certaine défiance vis-à-vis de l’entreprise. En général, la qualité des relations est réciproque. Si vos employés se désengagent sans juger bon de vous avertir de leur besoin de changement, c’est peut-être qu’ils ne se sentent pas assez considérés.
Si les possibilités d’évolutions sont inexistantes, si le management n’est pas à l’écoute, à quoi bon exprimer un besoin d’évolution professionnelle ou un mal-être dans son poste de travail ?
👉 Vous avez un ou deux salariés qui ne jouent pas le jeu ? Ce sont peut être des cas isolés, qui ont choisi de rester au chaud dans l’entreprise le temps de se retourner. Mais si une grosse partie de vos employés pratique la démission silencieuse, cela devrait vous amener à questionner vos pratiques de management, ou encore votre communication.
#Raison n°6 : une mauvaise communication
L’incertitude et un manque de communication peuvent aussi générer du désengagement. Par exemple, lorsque la conduite du changement n’est pas accompagnée d’une bonne communication interne, cela déstabilise les équipes. En l’absence de vision partagée sur la direction à prendre, les collaborateurs vont avoir tendance à privilégier l’inertie et à se recentrer sur les tâches les plus courantes, les moins risquées. Une conduite du changement mal accompagnée peut donc être un facteur de démission silencieuse.
💡Questionnez aussi votre promesse employeur. S’il y a eu tromperie sur la marchandise, rien d’étonnant à ce que les salariés vous trompent en retour, en faisant le minimum, sans vous dire pourquoi.
Pourquoi démissionner quand tout va bien ?
Les démissions ne sont pas toujours liées à un déficit du management ou de la DRH. Dans certains cas, c’est simplement le marché du travail qui est générateur d’opportunités, et l’entreprise ne peut tout simplement pas rivaliser.
#Raison n°7 : un manque d’opportunités internes
Dans les petites entreprises, par exemple, la création de nouveaux postes n’est pas si courante. Difficile, donc, de proposer des opportunités de mobilité interne pour fidéliser le salarié. Or, cela peut vite devenir un motif d’ennui au travail, et donc à moyen terme, un risque de démission.
💡Lorsque les possibilités d’évolution sont restreintes, il est toujours possible de faire évoluer les périmètres. Proposer au salarié concerné de faire son job crafting, une manière de refaçonner son poste à son image.
#Raison N°8 : une politique salariale qui ne fait pas le poids
Ce dernier motif de démission n’est franchement pas évident à traiter. Le contexte actuel est celui d’une concurrence extrême sur le marché du travail, qui pousse à la surenchère sur les salaires à l’embauche. C’est aussi celui d’une inflation galopante, qui alimente des attentes de revalorisation salariale auprès des collaborateurs en poste. Mais les entreprises ne peuvent pas toujours s’aligner et elles en payent pourtant le prix fort en termes de turn-over.
A l’heure où certains se demandent s’il vaut mieux proposer un meilleur salaire aux nouvelles recrues quitte à désavantager les anciens salariés, on vous conseille de mesurer le risque que cela vous fait prendre sur la rétention des collaborateurs !
