L’adage dit “Le travail, c’est la santé !”, mais qu’en est-il si c’est justement le travail qui s’avère à l’origine d’une détérioration de notre santé. La question de la santé au travail a durant de nombreuses années été abordée uniquement en rapport avec les questions de productivité et notamment du point de la santé physique des collaborateurs.
Or, si les entreprises sont bien soumises à une obligation de résultat en matière de préservation de la santé physique de ces collaborateurs, force est de constater que nombre d’entre elles sont à la traîne en ce qui concerne la santé mentale.
Si vous vous reconnaissez dans ces quelques lignes, alors ce qui va suivre va fortement vous intéresser.
Au programme,
✨ La santé mentale au travail : qu’est-ce c’est ?
✨ La santé mentale au travail nous concerne tous
✨ Les 3 leviers à activer pour que le travail rime avec épanouissement
✨ La santé mentale au travail : qu’est-ce c’est ?
Définition de la santé mentale au travail
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) propose une définition de la santé mentale au travail. Il s’agit d’un “état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté.”
L’OMS rappelle en outre que la santé mentale est un droit fondamental de tout être humain. Par conséquent, tout individu est fondé à demander le respect de son bien-être mental, même dans le cadre professionnel.
Les 3 composantes de la santé mentale au travail
On distingue traditionnellement trois composantes essentielles d’une bonne santé mentale au travail :
- Le bien-être : La santé mentale et la santé physique sont intimement liées. Par conséquent, la bonne santé mentale se traduit par une plus forte capacité à réguler ses émotions, mais aussi à les exprimer sereinement.
- L’épanouissement : Les défis de notre quotidien peuvent déboucher sur de la détresse psychologique puis progressivement vers la maladie ou bien des difficultés sociales. Une santé mentale préservée permet de s’adapter avec agilité et résilience.
- La liberté d’agir et de se projeter : F. Taylor avait au début du 20ème siècle proposé une organisation du travail basée sur une double division de celui-ci. D’un côté, on trouvait alors les ingénieurs “qui pensent” et de l’autre, les ouvriers, ceux “qui exécutent”. Cette conception a rapidement été remise en question, sans pour autant disparaître dans les faits. En effet, pour s’engager vraiment, les jobeurs ont besoin de pouvoir se projeter et donc d’avoir la main sur les décisions qui les impactent.
✨ La santé mentale au travail, c’est l’affaire de tous
La crise sanitaire et les évolutions de l’emploi en 2023 ont jeté une lumière crue sur la nécessité de mieux prendre en compte les enjeux liés à la santé mentale au travail. Pourtant, contrairement à certaines idées reçues, nous sommes tous concernés par la santé mentale au travail, quel que soit le poste occupé.
Les chiffres marquants de la santé mentale au travail
🤔 Au sortir de la crise sanitaire, les troubles psychosociaux avaient bondi de 37% entre 2019 et 2020, d’après une étude réalisée par l’Assurance maladie en 2021.
🤔 63% des français accordent une dimension négative à la santé mentale en lui associant un état de mal-être, d’après une étude réalisée fin 2021 par le cabinet Moka.care.
🤔 35% des salariés se déclarent touchés par un syndrome d’épuisement professionnel, d’après un sondage réalisé fin 2020 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte humaine.
La santé mentale au travail : une obligation pour l’employeur
L’article L4121-1 du Code du travail dispose que “L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs”.
L’obligation de l’employeur va donc bien au-delà de la simple obligation de sécurité communément admise par beaucoup et en apparence plus simple à mettre en œuvre.
L’employeur doit veiller à la préservation de la santé mentale et physique de ses collaborateurs. Concrètement, cela se traduit par :
- L’élaboration du document unique d’évaluation des risques professionnels. Ce document consiste à recenser à la fois les risques auxquels les salariés de l’entreprise sont exposés mais aussi les actions mises en place pour limiter au maximum cette exposition et leurs conséquences ;
- Des actions de formation pour une meilleure adaptation au poste de travail ;
- Une organisation du travail adaptée et des moyens concrets afin que le travail soit réalisé dans des conditions de sécurité optimales.
Le service de santé au travail, un maillon essentiel pour épauler l’entreprise et le salarié
Dans l’objectif de prévenir les risques psychosociaux dans son entreprise, l’employeur est épaulé par les services de santé au travail. Ces derniers ont un rôle déterminant pour conseiller, prévenir et alerter les jobeurs, les représentants du personnel et bien sûr l’entreprise en cas d’altération de la santé du fait de leur travail.
Et le salarié dans tout ça ?
En matière de santé mentale et physique, le salarié a également un rôle à jouer. Une directive européenne du 12 juin 1989 énonce notamment dans son article 131 qu’”il incombe à chaque travailleur de prendre soin, selon ses possibilités, de sa sécurité et de sa santé ainsi que de celle des autres personnes concernées du fait de ses actes ou de ses omissions au travail, conformément à sa formation et aux instructions de son employeur ”.
✨ Les 3 leviers à activer pour que le travail rime avec épanouissement
Les troubles liés à la détérioration de la santé mentale en entreprise sont souvent révélateurs de dysfonctionnements de l’organisation. Voici les trois leviers à activer pour que le travail contribue à l’épanouissement de vos collaborateurs :
- Instaurer une véritable culture du feedback ;
- Valoriser le développement de l’intelligence émotionnelle ;
- Miser sur un environnement de travail agréable.
Instaurer une véritable culture du feedback
La communication est un pilier essentiel de la bonne santé mentale en entreprise. À ce titre, effectuer des retours à ses salariés sur leur travail est essentiel. Pour le manager, il s’agit à la fois de s’assurer que les consignes sont bien comprises et aussi de prendre le pouls de son équipe. Pour le jobeur, c’est un moyen puissant de se sentir valorisé puis reconnu dans son travail mais aussi de pouvoir faire remonter les difficultés rencontrées. Les feedbacks sont donc nécessaires pour agir en amont et éviter qu’une situation de travail ne se détériore rapidement.
Valoriser le développement de l’intelligence émotionnelle
Le management vertical hérité du taylorisme a de moins en moins sa place en entreprise. Au contraire, tant au niveau hiérarchique qu’en termes de relations entre collègues, l’intelligence émotionnelle s’impose comme nécessaire pour mieux comprendre et aborder un salarié en souffrance. À terme, cette relation de confiance améliore l’engagement de chacun dans son travail et la bonne réalisation de ses missions.
Miser sur un environnement de travail agréable
L’environnement de travail s’avère bien souvent déterminant pour garantir le bien-être individuel et collectif de ses salariés. Cependant, il ne s’agit pas uniquement de s’intéresser aux conditions de travail. Certes, elles ont leur importance pour prévenir certains troubles tels que la perturbation du sommeil, les maladies cardiaques ou encore la dépression.
Néanmoins, la généralisation du télétravail a mis en évidence la difficulté à instaurer un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée. À ce titre, de nombreuses entreprises ont adopté une organisation du travail hybride mêlant travail sur site et travail à distance. Ce type d’organisation permet de pallier aux effets néfastes du travail à domicile tels que le logement inadapté, une connexion internet bancale, ou bien encore la présence des enfants au domicile. Par ailleurs, rappelons que même en télétravail, l’employeur doit mettre à disposition les équipements nécessaires à la bonne réalisation du travail, comme un ordinateur ou une chaise de bureau ergonomique.
Le mot de la fin
La dégradation de la santé mentale en entreprise est un sujet régulièrement mis sur la table. Preuve en est, le Parlement européen s’est lui-même saisi de cette question en proposant que l’année 2023 soit l’année européenne de la bonne santé mentale. En effet, l’ensemble des acteurs publics s’accordent sur la nécessité d’inscrire la question de la santé mentale comme une priorité. Il s’agit d’une démarche indispensable pour limiter les maladies liées au stress et donc les dépenses publiques afférentes.
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