Le syndrome du petit chef est un mal qui sévit dans de nombreuses entreprises. Il transforme les managers de proximité en véritables tyrans qui contrôlent les faits et gestes de chaque membre de leur équipe. La conséquence est dévastatrice.
Pour les entreprises, c’est un facteur majeur de turn-over, de démissions, mais aussi une source de mal-être au travail. Pour les jobeurs, faire face à un chefaillon conduit souvent non seulement à la démission, mais aussi à la reconversion professionnelle ou à l’entrepreneuriat. Le lien avec l’entreprise a été tellement endommagé que cela remodèle profondément le parcours des personnes.
Comment reconnaître un petit chef ou manager toxique ?
Le chefaillon, ou petit chef, est un manager qui profite de son statut hiérarchique pour imposer à ses équipes un mode de fonctionnement délétère.
C’est d’abord un chef qui n’a aucune compétence managériale. À défaut, il utilise l’autoritarisme pour survivre dans ce rôle hiérarchique, qui lui permet de conserver son pouvoir. Et surtout, il met en place un système de management toxique opaque qui lui permet de ne pas être démasqué. Bref, c’est un cercle vicieux pour les membres de son équipe qui en paient les pots cassés.
Voici 5 clés pour le reconnaître.
- Il divise pour mieux régner
C’est la clé de voûte de tout modèle autoritariste ou tyrannique. En jouant sur l’opposition des forces en présence, le petit chef s’assure d’être le seul point d’entrée possible pour fonctionner. Dans son fonctionnement, plus les membres de l’équipe sont isolés, plus cela augmente son pouvoir.
- Il déconsidère son équipe
Arrogant, le manager toxique n’a absolument pas d’empathie pour son équipe. Il peut au contraire humilier publiquement les collaborateurs et ne reconnaît pas les réussites des autres. En réalité, il perçoit les autres membres de l’équipe comme des menaces, et non comme des forces, des atouts ou des ressources.
- Il dit “j’ai réussi” et “vous avez échoué”
Autre syndrome du petit chef particulièrement caractéristique : une relation particulière à la conjugaison. Le manager autoritaire conjugue la réussite à la première personne du singulier et l’échec à la première personne du pluriel, voire carrément à la seconde personne du pluriel. Il a une vision individuelle de la réussite en entreprise.
- Il pratique la rétention d’informations
Conséquence de cette représentation biaisée, le chefaillon ne sait pas tirer parti des collaborations. Il pense que l’information, c’est le pouvoir. Il ne fait pas redescendre les orientations stratégiques de l’entreprise. Seules les informations directement liées aux tâches sont transmises aux collaborateurs. Cette absence de communication freine le processus d’apprentissage collectif et pénalise l’engagement des équipes.
- Il a peur d’être démasqué
Et surtout, le petit chef a peur d’être démasqué. Parce que ce qui le caractérise le plus, finalement, c’est son incompétence totale sur le plan managérial. Le syndrome du petit chef est presque l’inverse exact du syndrome de l’imposteur. Pour combler le manque de compétences, le manager utilise le subterfuge de l’autorité et du pouvoir pour ne pas se remettre en cause.
Les conséquences du management toxique
Le syndrome du petit chef sévit dans tous les types d’entreprises. Il a de nombreuses conséquences, du côté des organisations, mais aussi sur la santé et le parcours des salariés.
Les impacts sur l’entreprise
Certaines organisations laissent en poste les managers toxiques, souvent parce qu’elles n’ont pas identifié le problème. Parfois (même si c’est plus rare), le management toxique est devenu une véritable culture d’entreprise, et les fonctionnements délétères sont promus et encouragés. C’est l’organisation qui accouche elle-même de managers tyrans.
Or, les conséquences sont nombreuses. Parmi elles :
- Un déficit d’engagement des équipes ;
- De la souffrance au travail ;
- Un taux d’absentéisme plus élevé ;
- Des risques de démissions ;
- Une mauvaise image ou marque employeur.
Les impacts sur les parcours des jobeurs
Pour les jobeurs, faire face à un manager qui souffre du syndrome du petit chef a un impact beaucoup plus intime et personnel. Bien souvent, c’est l’estime de soi qui peut être directement mise à l’épreuve par des humiliations répétées au travail. Comme le manager toxique isole le salarié, celui-ci ne dispose pas toujours des ressources nécessaires pour lui faire face.
En conséquence, les salariés qui font face à ce type de management n’ont souvent pas d’autre choix que de fuir l’entreprise pour préserver leur santé. Ces départs s’accompagnent souvent d’une envie de changement radical, comme une reconversion, une création d’entreprise, ou un déménagement.
Bref : les petits chefs abîment les organisations dans lesquelles ils travaillent et les salariés qu’ils managent. Mais plus globalement, c’est le lien au monde du travail qu’ils contribuent à fragiliser.
Comment neutraliser facilement un petit chef ?
Neutraliser un petit chef implique de tirer parti de ses faiblesses :
- Rester factuel et baser son raisonnement sur des preuves ;
- Trouver des alliés dans l’organisation ;
- Faire appel à des tiers pour déconflictualiser la relation ;
- Éviter la confrontation directe ;
- Accepter ses émotions sans les offrir en pâture au petit chef ;
- Oser contourner la hiérarchie directe pour en parler au N+2
C’est parfois plus facile à dire qu’à faire. Surtout si l’environnement ne s’y prête pas. Dans ce cas, il est peut-être temps de jumper ou de changer de job pour (re)découvrir une ambiance de travail saine.
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