Retraite, recrutement, flexibilité, quête de sens au travail, formation, santé mentale… Voici autant de thématiques qui ont rythmées les réflexions autour des mutations du monde du travail. En effet, depuis l’avènement de la crise sanitaire, les acteurs de l’entreprise ont bien compris la nécessité d’aller au-delà des sentiers battus pour mieux comprendre les évolutions de l’emploi. L’année 2023 qui débute n’échappe pas à la règle et impose de tenir compte de ces évolutions pour s’adapter en permanence.
Pour vous aider à y voir plus clair, voici les 6 sujets clés qui marqueront l’évolution de l’emploi en 2023 :
📌 Retraite : le sujet qui fâche mais sur lequel on ne peut faire l’impasse
📌 Recrutement : la guerre des talents continue de faire rage
📌 Flexibilité : les actifs veulent se sentir plus libres
📌 RSA : la naissance du contrat d’engagement ne fait pas l’unanimité
📌 Formation : la fin de l’âge d’or
📌 Santé mentale au travail : jusqu’alors sous estimée, une thématique qui s’impose de plus en plus.
📌 Retraite : le sujet qui fâche mais sur lequel on ne peut faire l’impasse
La réforme des retraites occupait une place phare dans les programmes des différents candidats à l’élection présidentielle. En effet, aux dires de nombreux économistes, le système actuel de retraites par répartition semble arriver en fin de vie. L’exécutif a donc jugé indispensable de lancer la réforme des retraites en 2023.
Le gouvernement mise sur le recul du départ de l’âge à la retraite repoussé progressivement à 64 ans.
En filigrane du repoussement de l’âge de départ à la retraite, se pose aussi la question de l’emploi des séniors. Malgré un taux d’emploi qui ne cesse de croître, ce taux reste en deçà de la moyenne européenne de 59% en 2021. Cependant, ce taux d’emploi n’a de sens que s’il s’accompagne d’une réflexion sur la prise en compte de la pénibilité du travail et le besoin de flexibilité des parcours professionnels.
💡Contrairement à certaines idées reçues, les “séniors” ont beaucoup à apporter au marché de l’emploi. En effet, au-delà des compétences techniques, leur expérience est souvent un atout précieux pour des entreprises parfois jeunes mais qui ont besoin de la maturité de “ceux qui ont de la bouteille”…
📌 Recrutement : la guerre des talents continue de faire rage
Les années 2021 et 2022 ont été marquées par une reprise de l’activité économique qui a nécessairement impactée les besoins en recrutement. Cependant, d’après les chiffres de Pôle Emploi, 86% des recruteurs pensent que le nombre de candidats est insuffisant. Ce chiffre grimpe d’ailleurs à 94% du côté des dirigeants de PME qui affirment pour leur part rencontrer des difficultés à trouver le bon profil, d’après une étude publiée en juillet 2022 par la Confédération des petites et moyennes entreprises.
💡 Face à ces tensions de recrutement, les entreprises doivent repenser à la fois la question du salaire mais aussi des conditions de travail. En parallèle, se pose pour beaucoup de jobeurs la question du sens au travail et de la nécessité de mettre le travail au service de ses projets de vie.
📌 Flexibilité : les actifs veulent se sentir plus libres
La crise sanitaire a bouleversé la place du travail dans notre quotidien. A des niveaux moindres qu’Outre-Manche, on a pu observer aussi en France le phénomène dit de “la grande démission”. Ce dernier s’est manifesté par une vague de démissions de jobeurs atteignant plus d’un demi-million par trimestre fin 2021 et début 2022 d’après l’étude produite par la DARES à ce sujet.
Cependant si la démission fait de l’œil à un grand nombre de personnes, elle fait peur aussi à beaucoup. La démission-reconversion ou bien encore le travail à temps partagé peuvent être des solutions à considérer avant de claquer la porte du salariat… D’autres modes de travail tels que le portage salarial ou encore l’intérim voient leur côte grimper et se révèlent des alternatives de plus en plus plébiscitées face à la demande de flexibilité au travail.
💡 Il existe pas moins de 25 types de contrat permettant de travailler. Chacun répond à des besoins spécifiques et permet de ne pas s’enfermer dans le sacro-saint CDI. A chaque situation de travail correspond un contrat permettant d’agir en conformité avec la loi.
📌 RSA : la naissance du contrat d’engagement ne fait pas l’unanimité
Depuis sa création le 1er décembre 2008, le Revenu de Solidarité Active (RSA) est sujet à un certain nombre d’ajustement. En effet, à mesure que le nombre de bénéficiaires a augmenté, son efficacité a semblé diminuer avec une hausse constante du nombre de travailleurs pauvres et un retour de plus en plus difficile vers l’emploi. C’est dans ce contexte-ci que le gouvernement a décidé en 2023 de conditionner le versement du RSA à des heures dites d’activité. L’objectif étant de permettre à un public éloigné de l’emploi de retrouver une vie active et donc de sortir de la précarité. Cette reprise du travail se fera à travers un contrat d’engagement de 15 à 20h par semaine.
💡 L’ancêtre du RSA, le revenu minimum d’insertion, souffrait lui aussi de l’absence du volet insertion. Or, l’insertion par l’emploi a depuis fait ses preuves à condition d’être accompagné.
📌 Formation : la fin de l’âge d’or
En 2014, le Compte personnel de formation est venu sonner le glas du DIF (droit individuel à la formation). Désormais, les jobeurs ont pu reprendre la main sur leurs souhaits de formation grâce à la mise en ligne d’une cagnotte disponible sur le site du CPF. Cependant, les nombreuses pseudo-formations et arnaques téléphoniques ou par email ont eu raison du dispositif. Pour mieux réguler ce dernier, les jobeurs souhaitant se former en dehors de leur temps de travail et donc à leur initiative devront mettre la main à la poche, en s’acquittant d’un reste à charge.
💡 La formation reste centrale dans la vie de tous les jumpers. Il s’agit notamment d’une question largement abordée lors de l’entretien professionnel, entretien obligatoire et formalisé auquel l’employeur est tenu tous les deux ans. La formation est d’autant plus importante que les compétences métiers et transversales évoluent rapidement. Elles nécessitent d’être régulièrement mises à jour pour rester concurrentiel.
📌 Santé mentale au travail : le sujet phare de 2023
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière les troubles liés à la détérioration de la santé mentale au travail. Le législateur est donc intervenu pour renforcer une obligation déjà bien présente de préservation de la santé physique et mentale de ses collaborateurs prévue à l’article 4121-1 du Code du Travail. Concrètement, cela s’est matérialisé par la mise en place de la démarche QVCT (qualité de vie et conditions de travail).
A terme, il est attendu des entreprises qu’elles négocient les conditions de réalisation du travail. Concrètement, cela passe par l’identification des bonnes pratiques dans le cadre d’une écoute bienveillante des besoins de chacun pour un meilleur alignement entre les performances individuelles et collectives.
💡 La question de la santé mentale au travail doit être abordée de façon globale en y incluant notamment la quête de sens au travail. Les jobeurs fraîchement diplômés, également appelés génération Z, sont de plus en plus nombreux à manifester le besoin de s’investir dans une entreprise dont ils partagent les valeurs et qui s’investit sur le plan sociétal et environnemental.
Le mot de la fin
Malgré le contexte économique marqué par les tensions géopolitiques et inflationnistes, l’emploi reste dynamique. En effet, on a assisté à un rattrapage du ralentissement économique de la crise sanitaire. Ce rattrapage s’est traduit par une hausse des recrutements mais aussi un contexte de rétention des talents de plus en plus difficile. A terme, les entreprises ayant anticipé la place croissante des soft-skills et des questions de santé mentale au travail parviendront sans doute plus facilement à tirer leur épingle du jeu.